Le Chef d’Etat camerounais, S.E Paul Biya, président en exercice de la CEMAC, convoque ses homologues de la sous-région Cemac à Yaoundé le 17 mars 2023. En effet, la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) ne s’est plus tenue depuis août 2021. Cette année, les signaux dudit sommet attendu depuis décembre 2022, sont désormais au vert.
Paul Biya, président de la République du Cameroun et président en exercice de la Cemac (Comunauté économique et monétaire d’Afrique centrale) qui comprend le Cameroun, le Congo, le Gabon, le Tchad, la RCA et la Guinée équatoriale; a envoyé ses émissaires remettre des lettres d’invitation à ses homologues. C’est ainsi qu’il y a quelques jours, le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, a été reçu par le président Denis Sassou Nguesso du Congo, et le président Faustin Archange Touadera de la République centrafricaine. Le ministre des Relations extérieures, Lejeune Mbella Mbella, a quant à lui été reçu par le président Ali Bongo Ondimba du Gabon, tandis que le président Obiang Nguema Mbasogo de Guinée équatoriale recevait un pli fermé porté par le ministre de l’Économie, Alamine Ousmane Mey. Le contenu de ces enveloppes n’a pas été révélé par les émissaires de Paul Biya, mais il ne fait aucun doute que ce voyage s’inscrit dans la perspective de la tenue à Yaoundé du 15e sommet ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cemac que va accueillir la Capitale politique camerounaise le 17 mars prochain. Ce serait la première rencontre physique pour les dirigeants de la sous-région depuis le sommet de novembre 2019.
Le sommet de plusieurs enjeux
Les enjeux de cette rencontre sont multiples, à commencer par le changement de leadership à la tête de la Conférence des chefs d’Etat, qui revient, conformément au principe de rotation alphabétique des postes adopté par la communauté le 17 janvier 2010, au président centrafricain Faustin Archange Touadera, après le Cameroun. Élu à la présidence de cette instance en mars 2019 pour un mandat de deux ans, Paul Biya aurait en effet dû passer la main depuis mars 2021. Son remplacement va s’accompagner d’un vaste mouvement à la tête des institutions communautaires dont les actuels dirigeants ont été nommés le 31 octobre 2017 à Ndjamena.
Premier pôle de mutation, c’est la Commission de la Cemac. Le poste de Président, actuellement occupé par le Gabonais Daniel Ona Ondo (2017-2022) devrait revenir à un équato-guinéen. Un nom circule déjà dans les couloirs de la haute administration de Malabo, celui de Baltasar Engonga Edjo, ex-ministre d’Etat chargé de l’Intégration régionale de Guinée équatoriale.
Les 5 autres membres de la commission à savoir la tchadienne Fatima Haram actuelle vice-présidente et les commissaires Shey Jones Yembe (cameroun), Clément Belibanga (RCA), Michel Niama (Congo) et José Antonio Edjang (Guinée Équatoriale) seront également appelés à libérer leur fauteuil.
Dans les changements à entériner par les dirigeants politiques de la communauté, le Cameroun hérite entre autres de la présidence de la Commission de surveillance du marché financier (Cosumaf), après le Tchad. Les indiscrétions désignent trois favoris pour cette fonction : Jacqueline Adiaba, Jean Claude Ngwa et Eugène Blaise Nsom. La première qui est actuellement en service au sein de cette institution fait office de favorite. Cette banquière a occupé la tête de la Direction des marchés de l’ex Douala Stock Exchange avant de rejoindre la Cosumaf au moment de la fusion. Discrète et humble, Jacqueline Adiaba jouit d’une expérience de plus d’une vingtaine d’années sur les marchés financiers. Jean Claude Ngwa également n’est pas à exclure de la liste des favoris au vu de son expérience. Le tout premier DG de la Bvmac version unifiée connaît bien le secteur de la régulation puisqu’il a été secrétaire général de la Conférence inter-africaine des marchés d’assurances (Cima), le gendarme des assurances en Afrique centrale et de l’ouest, puis président de la Commission des marchés financiers (CMF), le régulateur du défunt marché financier camerounais.
Bertrand Minfouma