Du lundi 16 au mardi 17 janvier 2023, s’est tenue à Douala, la Capitale Économique du Cameroun, la cérémonie de lancement officielle du budget d’investissement public 2023. Il était question pour Louis Paul Motaze, ministre camerounais des finances et ses collaborateurs de présenter les innovations fiscales et douanières dudit budget et procéder à sa répartition sur l’ensemble des dix régions du pays.
Par E. Bertrand Minfouma
Deux jours de travail ont suffi au ministre des finances et ses proches collaborateurs pour rendre officiellement exécutoire le budget d’investissement public de l’année budgétaire 2023. Selon le projet de loi portant loi de Finances, ledit budget s’élève à près de 6345,1 milliards de Fcfa à répartir sur l’ensemble des dix régions du Cameroun. Pour cette année, Douala a eu l’insigne honneur d’abriter la cérémonie après Bertoua, N’Gaoundéré, Ebolowa, Maroua, Bafoussam et Garoua. Dans la salle de conférence de l’hôtel Best Western Palace où se tenaient ces travaux, l’on a pu remarquer la présence des autorités telles que le Gouverneur de Région du Littoral : Samuel Dieudonné Ivaha Diboua ; le Maire de la ville de Douala : Roger Mbassa Ndine ainsi que de nombreux gestionnaires de crédit, de nombreux opérateurs économiques ; la presse nationale et locale.
Dans son propos liminaire, Louis Paul Motaze a déclaré que « le budget a été élaboré dans un contexte marqué par le ralentissement de la croissance économique mondiale dont le taux projeté en 2023 est de 2,7% sur le plan international. L’inflation devrait diminuer pour s’établir à 6,5% du fait des politiques monétaires désinflationnistes mises en place par les banques centrales. La même diminution est attendue en zone CEMAC, où ce taux est projeté à 3,3%». Il a conclu son exposé avec conviction en précisant que « Le budget 2023 s’équilibre en recettes et dépenses à 6 329,3 milliards de FCFA », et l’assistance d’applaudir longuement.
Concernant les innovations fiscales, l’on retient globalement trois points majeurs. D’abord, les recettes internes et les dons sont projetés à 4 676,4 milliards, en augmentation de 453,3 milliards de FCFA par rapport à la loi de finances rectificative de 2022, où elles se situaient à 4 223,2 milliards de FCFA, soit une progression de 10,7% en valeur relative. L’évaluation de ces recettes est de: 807 milliards pour les recettes pétrolières et gazières ; 3 528,1 milliards pour les recettes fiscales et douanières ; 250,4 milliards pour les recettes fiscales et 91 milliards de FCFA pour ce qui est des dons. S’agissant des dépenses du budget général hors dette, elles sont évaluées à 4 536,1 milliards, y compris les intérêts de la dette. Elles sont en hausse de 118,7 milliards ; soit 2,7% en valeur relative par rapport à l’exercice 2022.
Autre chose, ce projet de loi prévoit entre autres, la création d’un compte d’affectation spéciale pour le soutien à la reconstruction des régions en crise. Ce compte sera financé à hauteur de 15 milliards de francs CFA. L’autre innovation est l’introduction d’une annexe spécifique portant sur les risques budgétaires. Aussi, il est prévu la révision du cadre juridique relatif à la mobilisation de certaines recettes de service.
Après les prises de paroles, l’on a assisté à une séance de question réponse. Cette dernière a été marquée par plusieurs prises de paroles importantes et l’on retient principalement celle d’une dame toute énergique, qui s’est indigné avec fracas en affirmant : « Alors que les populations s’attendaient que le gouvernement trouve des solutions pour l’apaiser, la loi des Finances en cours d’exécution va davantage compliquer la tâche aux populations contre une pression fiscale de plus en plus asphyxiante. Pour preuves, le timbre fiscal est passé de 1 000 à 1 500 FCFA, idem pour les vignettes automobiles, les prix des denrées de tous genres, ont pris l’ascenseur, etc. ». « A l’allure où vont les choses dans notre pays, poursuit-elle, j’ai envie de m’interroger si nous, les jeunes, verrons un jour, le « bout du tunnel » tant martelé dans les discours de nos dirigeants ».
A ce sujet, Cyril Edou Alo’o, Directeur Général du Budget a précisé que le gouvernement continuera à subventionner les produits pétroliers, même si le coût sera réduit. D’autres secteurs, comme celui des meuniers, ne seront pas en reste, afin d’éviter une augmentation du pain par exemple. Comme pour dire que le gouvernement est à pied d’œuvre pour améliorer la compétitivité et la productivité de l’économie nationale, sans oublier la lutte contre l’inflation, la préservation des couches sociales vulnérables contre la vie chère et la poursuite de la mise en place de la couverture santé universelle ainsi que la reconstruction des régions du Nord-Ouest, Sud-Ouest et Extrême Nord gravement en crise sécuritaire.