S’il est admis que l’exclusion de certaines têtes qui se prenaient pour des têtes de proue de cette formation politique, pourrait impacter d’une manière ou d‘une autre, Ni John Fru Ndi le Chairman, Joshua Osih son vice-président savent de l’autre côté qu’ils devraient faire preuve d’un charisme nouveau pour garantir et préserver l’image d’antan que présentait ce parti et donc
de réveiller en les camerounais, l’envie de faire la politique.
Dans une de nos éditions, nous nous interrogions au sujet d’une probable implosion du Social Democratic Front (Sdf) du fait des querelles
internes et des incompréhensions multiples
entre les militants, responsables ou non et la
hiérarchie du parti. Ces querelles et incompréhensions ont même conduit à des
comportements et actes inappropriés jamais observés au sein de ce parti dont la rigueur en termes de respect des articles contenus dans le
règlement intérieur et les statuts au point d’inspirer d’autres formations politiques. Suite à
cette façon de faire, de gérer, le Sdf était passé pour le parti politique leader de l’opposition
camerounaise, le parti le mieux organisé. Jamais aucune idée de révolution ne pouvait faire le
contrepoids face au parti au pouvoir sans l’assentiment du Sdf et surtout celle de Ni John
Fru Ndi, son leader. On se souvient qu’après sa
création le 26 mai 1990 alors que le Cameroun était secoué par un vent de revendications
populaires, le Social Démocratic Front (Sdf) avait
suscité tous les espoirs au regard de sa vision politique, d’une profession de foi à travers laquelle les espoirs de changement étaient réels. Ces
aspects étaient si réels que tous étaient convaincus que la première élection pluraliste
organisée au Cameroun, avait eu pour vainqueur Ni John Fru Ndi. Mais la réalité s’est montré
toute autre quand bien même la personnalité du Chairman n’avait cessé de gagner en popularité. Mais entre le 26 mai 1990 et le 25 février 2023, beaucoup d’eau a coulé sous le pont au point où certains pensent que le Sdf ne peut plus
prétendre être le parti Leader de l’opposition camerounaise. La vision a-t-elle changé ?
Ayant marqué l’histoire politique du pays à travers le socialisme d’opposition reconnu comme
étant une tradition de lutte contre les politiques
antisociales et libérales, le Sdf qui avait choisi comme slogan «Power to the People and Equal
chance for all ». Avec ces agitations entretenues par certains, on a eu comme l’impression que le parti se retrouvait plus souffrant des contradictions dont sont victimes les partis de
l’opposition en Afrique. Lesquelles contradictions sont à l’origine de la corrosion continuelle de son auditoire et de son électorat. Ce pourrait être le cas ici quand on sait que cet électorat est passé de 35 % aux élections présidentielles du 11 octobre 1992 à 11 % aux présidentielles du 9 octobre
2011 ; de 43 sièges aux législatives des 17 mai et 3 août 1997 à 16 sièges aux élections du 30 septembre 2013. Depuis 2020, il ne compte plus que 5 députés. Si en son temps, l’Union des populations du Cameroun (Upc) avait construit sa lutte pour l’indépendance sur la propagande pour une société juste, libre, indépendante et démocratique, l’idéologie du Sdf par contre reposait sur le socialisme démocratique. C’était l’opposition radicale n’envisageant pour seule
alternative le renversement du régime en place par la défiance politique: « your suffering has come to an end » (votre misère sociale est terminée), «change!» (Changement !), «Sangmelima don fall», en Pidgin English : Sangmelima (ville d’origine du président Paul Biya) est tombée, « Biya must go » (Biya doit partir), « Power to the people » (le pouvoir au peuple) et que sais-je encore. Avec ce qui vient de se passer, du moins, depuis la publication des résolutions du Nec tenu en
février dernier, les interprétations qui y sont faits
suite semblent inéluctablement indiquer qu’un vent nouveau se lève au sein de cette formation
politique. Loin d’être une implosion. Que va-t-il se passer maintenant ? Des grandes résolutions adoptées le 25 février 2023, figure l’exclusion d’une trentaine de membres dont neuf (09) cadres de cette formation politique alors même que le cycle des consultations électorales qui se clôturera en 2025 ne vient que de commencer avec les élections sénatoriales. A quoi devrait-on s’attendre ? Au sein du Sdf, on ne badine pas avec le règlement et la discipline. Jean Michel Nintcheu
et d’autres cadres du parti de la balance y ont été exclus au motif de violation des statuts du parti.
Encore que la réunion du Comité Exécutif National du Sdf avait pour justificatif la clarification de la situation de ses militants dont certains ont été accusés de saper l’unité et la stabilité du parti. En comme on ne badine pas avec la discipline, les concernés l’ont appris à leur dépens. Le 8.2 a été appliqué dans toute sa rigueur et sa vigueur. Ici on n’a pas tenu compte de ce qu’on soit élu du peuple ou supposé membre influent du parti. Il fallait que « la loi » soit appliquée. Un point de vue qui n’est pas unanimement partagé au regard des analyses et commentaires qui sont faits çà et là. Pour John Fru Ndi, le chairman du Sdf, cette décision était nécessaire pour protéger l’unité et la stabilité du parti. Il est donc à penser que ces exclusions permettront au parti de repartir sur de nouvelles
bases et avec assurément moins de contestations
internes. Faudra-t-il alors pour ces exclus, créer un nouveau parti et qui en sera le leader quand on connait les égos des uns et des autres ou alors leur
reviendra-t-il d’adhérer dans des partis existants ? La décision leur appartient. Si tel sera le cas, leur acceptation dans ces formations politiques ne provoquerait-elle pas d’autres mécontentements ? Y aurait-il à penser que L’avenir politique de ces ex-militants du Sdf soit compromis désormais ?
L’avenir nous le dira. Tout ce qu’on sait est que le Social Democratic Front vivra et continuera à se mettre au service de la population camerounaise.
Martin Paul Akono