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Eurobond:Louis Paul Motaze met tout le monde d’accord

Par La Rédaction
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Effet de levier pour le financement du développement ou future crise de la dette ?

Il faut dire qu’un « eurobond » (ou une « euro obligation ») est une obligation qui permet aux États ou aux entreprises d’emprunter dans une autre devise que celle du pays émetteur. Contrairement à ce que peut suggérer leurs noms, les eurobonds sont principalement libellés en dollars. On les distingue ainsi des deux autres catégories d’obligations que sont les obligations domestiques émises en monnaie locale et les obligations internationales émises en monnaie locale. Les pays émergents et pré-émergents, notamment africains, y ont eu souvent recours ces dernières années, à la fois pour financer leurs ambitieuses politiques d’investissement en matière d’infrastructures et pour restructurer leur dette. Le marché africain, largement dominé par l’émission d’obligations souveraines, a ainsi représenté plus de 20 milliards dollars sur la période de 2007 à 2016. On estime que les eurobonds peuvent représenter aujourd’hui plus de 20 % de la dette externe des pays africains émetteurs.

L’encours total des obligations internationales des pays émergents est principalement libellé en monnaie locale et seulement un tiers, environ, en devise. Le stock actuel se situe environ à près de 3000 milliards de dollars pour une cinquantaine de pays et plus de 1000 émissions. Contrairement aux pays émergents, la plupart des pays africains, à l’exception de l’Afrique du Sud et du Nigéria, émettent peu d’obligations internationales en monnaie locale.

Un risque de change lié principalement à l’évolution du cours du dollar

Les coûts des eurobonds des pays pré-émergents sont également liés aux taux directeurs de la Réserve Fédérale Américaine. Ces derniers, actuellement très bas malgré le relèvement à 0,5 % à fin avril 2016 (contre 0,25 % auparavant), pourraient augmenter dans les mois suivants et faire l’objet de deux relèvements d’ici la fin de l’année. Par ailleurs, la baisse, voire l’arrêt, des opérations de « quantitative easing » réalisée par la FED induira également une remontée quasi-mécanique des taux réels. Cette remontée des taux, avec pour corollaire la réduction de l’abondance des liquidités, pourrait atténuer l’attrait pour la dette africaine qui se négocierait à des conditions plus onéreuses. Par ailleurs, une remontée des taux pourrait conduire à une évolution du cours du dollar par rapport aux autres devises, conduisant à un risque de taux de change pour les pays émetteurs d’eurobonds en dollars.

La plupart des euro-obligations étant libellées en dollars, une appréciation de ce dernier entraînerait un accroissement des charges financières. S’agissant des pays de la Zone franc, l’évolution de la parité euro-dollar pourrait déterminer les fluctuations des charges financières relatives au service de la dette.

Mauvais calibrage de l’emprunt ou de non traçabilité des flux

Enfin, l’afflux important de devises étrangères pourrait conduire à un contexte de surliquidité bancaire si les flux financiers ne sont pas utilisés immédiatement ou canalisés dans des financements de projets, du fait d’un retard dans l’exécution de ces derniers ou d’un surdimensionnement de l’emprunt par rapport aux besoins en financement desdits projets.

Les flux de capitaux internationaux issus des émissions des eurobonds pourraient ne pas être systématiquement orientés vers le financement de programmes d’investissement. En effet, les États émetteurs pourraient être tentés de les utiliser en vue de financer leurs déficits courants et budgétaires. Par ailleurs, les États, pour tirer le meilleur pari de ces flux de capitaux et éviter une « évaporation », devront procéder en amont à une préparation minutieuse impliquant une évaluation rigoureuse des projets tant sur les aspects financiers que sur la faisabilité technique.

Plus généralement, le manque de traçabilité dans l’utilisation des ressources peut être fortement préjudiciable. Or dans certains pays, la décision d’émission n’est pas soumise à l’approbation du Parlement et il n’est pas toujours aisé de connaître avec exactitude les décaissements des ressources et leur utilisation.

MPA

 

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