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INTEGRATION DES ENSEIGNANTS A LA FONCTION PUBLIQUE:DES SONS DE DISCORDANTS

Par La Rédaction
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INTEGRATION DES ENSEIGNANTS A LA FONCTION PUBLIQUE:DES SONS DE DISCORDANTS, par Germain Socrate Tanleu

Depuis la signature de la note conjointe par le ministre de l’enseignement supérieur et le ministre de la fonction publique et de la réforme administrative indiquant que  les enseignants du secondaire feront un concours pour être intégrés à la fonction publique, les avis sur cette proposition sont de plus en plus divergent .

En début de semaine dernière, deux ministres ont saisi leur hiérarchie par correspondance conjointe pour lui faire de nouvelles propositions sur l’intégration future des enseignants. Il s’agit de Jacques Fame Ndongo de l’enseignement supérieur et de Joseph Lé, de la fonction publique et de la réforme administrative. Ils souhaitent que les enseignants ne soient plus intégrés automatiquement dans la fonction publique après leur sortie des écoles normales supérieures(ENS). Ils feront un second concours pour y être intégrés. Plus concrètement, l’école normale ne sera plus une piste pour se voir enseignant de l’Etat. Mais, cette grande  école ne sera plus que le lieu pour aller se faire former en pédagogie. Fini donc le moment où les étudiants sortaient de cette prestigieuses  école avec la rassurance qu’on sera affecté dans un lycée ou un collège, et on sera pris en charge par l’Etat. En attendant l’avis du premier ministre sur ce dossier qui a immédiatement mis la communauté éducative et d’autres partenaires de ce secteur en branle.

Selon le ministre de l’enseignement supérieur, cette proposition qui entrera en vigueur dès l’année 2023, permettrait  d’éviter les désagréments qui pourraient provenir du trop-plein. Le ministère en charge de l’organisation des concours dans les grandes écoles indiquent que cette disposition permettrait d’intégrer progressivement les enseignants qui auront mérité. Et non mettre tout le monde dans le même panier, comme c’est le cas jusqu’aujourd’hui. Donc, déployer exclusivement ceux qui méritent d’être mis au service de l’Etat. Alors, cette argument est-il vérifié ou pas ? Toujours est-il que l’avenir de ceux qui aspirent à faire carrière dans la fonction publique et surtout dans le secteur de l’enseignement, se joue désormais au premier ministère. Il reviendra en effet, à Joseph Dion Nguté, premier ministre chef du gouvernement de dire si cette volonté de ces ministres va prospérer.

Disparité

Cette proposition  n’a pas d’ailleurs rencontré  un avis favorable de la part de nombreux observateurs de la scène éducative nationale et même des acteurs. Pour les syndicalistes, il s’agit d’une décision qui est née de la volonté de continuer de clochardiser les enseignants. Surtout qu’ils précisent que les étudiants de l’école normale supérieure ne bénéficient pas des mêmes avantages que ceux de l’école nationale d’administration et de magistrature(ENAM) par exemple, qui perçoivent de l’argent de l’Etat, dès leur entrée dans cette grande école. Ces étudiants sont immédiatement intégrés dès la sortie, et n’ont jamais eu des problèmes de matricule, dès qu’ils sont déployés. Ils ne comprennent donc pas pourquoi les étudiants de l’école normale supérieure doivent faire un second concours pour être intégrés,  après avoir séjourner dans une école où, ils n’ont reçu aucun avantage. Ils n’hésitent pas à lier cette volonté des deux ministres aux conséquences de la grève initiée par le mouvement « On a trop supporté(OTS)) », laquelle a eu un impact négatif sur les activités pédagogiques au sein des établissements scolaires, ainsi que  les préparatifs des examens et concours officiels.

Cet avis des acteurs de la scène éducative, est partagé par bon nombre de membres de la communauté éducative que nous avons rencontrés. Ils sont d’abord sidérés que cette décision vise un secteur aussi sensible que celui de l’enseignement et surtout à un moment où, il est en crise. Une situation perpétrée selon eux par l’incapacité du gouvernement à gérer avec tact et promptitude le dossier d’intégration des enseignants dès leur admission dans les effectifs de la fonction publique. En tout cas ces membres de la communauté éducative estiment que cette décision n’est pas la bienvenue, surtout qu’elle intervient au moment où le pays n’a pas suffisamment d’enseignants. Que l’on soit dans le primaire ou dans le secondaire. Ils espèrent que le premier ministre fera preuve de sagesse face à ce qu’ils considèrent comme une absurdité.

Revoir la copie

Cette proposition intervient dans un contexte particulier. Marqué par un déficit criard d’enseignants dans l’arrière-pays. Cette  situation a eu des conséquences néfastes sur l’éducation en milieu rurale. En effet, si dans les établissements scolaires des zones urbaines on peut rencontrer souvent deux enseignants dans une salle de classe pour ce qui est du primaire, et plusieurs enseignants dans certains lycées dont des jeunes qui passent leur temps dans des collèges privés, puisqu’ils ne sont pas occupés dans leur lycée, en zone rurale, c’est le contraire. On a des lycées où,  l’enseignant de français, dispense aussi des cours de deuxième langue, d’anglais même parfois. On a des collèges où les effectifs sont insignifiants par rapport aux exigences en matière de pédagogie. En tout cas, le déficit est énorme, et plombe le secteur éducatif en général. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, l’offre en matière de bilinguisme n’est pas toujours suffisante dans l’ensemble du pays. Bien que les opérateurs du secteur privé fassent des efforts pour combler le vide, il y a toujours ce problème d’enseignants formés qui se posent dans les lycées bilingues nouvellement crées à travers le Cameroun profond.

Il convient de revoir la copie. Mettre plutôt en place des conditions qui permettent à court terme de recruter plusieurs autres enseignants pour combler le déficit. Et non ériger d’autres barrières qui limiteraient l’accès à une profession qui n’est même plus à l’abri des problèmes d’insécurité.

 

 

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