Malgré les nombreuses supputations sur le rôle ou encore l’importance de cette compagnie aérienne considérée comme un gouffre, celle-ci représente tout de même un véritable patrimoine national qui devrait être préservé.
Alors que bon nombre d’experts appellent à une opération de liquidation, au regard des résultats pour le moins insatisfaisants de la Cameroon Airlines Corporation, se trouve néanmoins en toile de fond, l’épineuse question sur le devenir du ciel camerounais sans une compagnie nationale capable de flotter au-dessus de celui-ci. Le Cameroun laissera -t-il son ciel à la merci d’autres entreprises d’aviation fussent-elle plus concurrentes sans se donner la possibilité d’avoir son drapeau au-dessus des têtes de ses compatriotes ? La liquidation n’aura-t-elle pas un impact sur la souveraineté déjà quelque peu contestée par certains analystes? Des interrogations qui nécessitent tout de même qu’on s’y attarde.
En effet, les spécialistes en droit constitutionnel, sont unanimes sur la notion sociologique de l’Etat. Une notion qui intègre trois composantes à savoir : Un groupement humain, un gouvernement et un territoire. Ce dernier élément (territoire) qui, selon Guy Bélibi comprend : « La terre ferme ou territoire terrestre, les cours d’eau, la mer territoriale et l’ensemble de la couche atmosphérique sous adjacente au territoire terrestre et maritime » et à l’expert d’ajouter : « S’il n’ya pas d’Etat sans population, il n’y a pas de population étatique sans territoire étatique ».
Il apparaît donc fondamental à la suite des éclairages de l’homme de droit, que le ciel contenu sur le territoire constitue un élément de souveraineté, ceci au même titre que le pouvoir de battre sa monnaie, d’appliquer sa fiscalité, de choisir ses dirigeants etc. De ce fait, la liquidation ou l’arrêt des activités de « l’étoile du Cameroun » aurait selon certains experts, un impact sur la souveraineté de l’Etat, car celle-ci constitue d’après eux une sorte de « vitrine aérienne pour le Cameroun ». Ainsi: « A l’instar des Lions indomptables et de l’Armée camerounaise, Camair-Co constitue une véritable cause nationale qui ne peut laisser indifférent le peuple camerounais», Edgar Alain Mebe Ngo’o, ancien ministre des Transport camerounais, affirmait sans ambages ces propos et pour conclure, il réitérait devant les hommes de médias au sortir de la session de juin 2016 à l’Assemblée Nationale: «Si la santé de Camair-Co est fort préoccupante, notre compagnie nationale est loin d’être condamnée à mourir ».
Un élan patriotique qui ne résonne sans doute pas de tout son écho auprès des observateurs avertis, ceci, face aux déboires financiers que vit la structure depuis bientôt une décennie. Cependant les enjeux de souveraineté énoncés par certains géo stratèges appellent néanmoins à une réflexion profonde sur l’ouverture exclusive du ciel camerounais aux compagnies étrangères. Car si le ciel est une source de gain à travers les droits de trafic, reste tout de même que ces droits protègent les intérêts des compagnies aériennes nationales et la Camair-co se doit à priori d’être protégée et donc d’exister.